Montréal, 18 décembre 2024 – Une nouvelle enquête menée dans deux élevages de dindes en Montérégie et dans Lanaudière révèle des animaux gravement blessés, abattus de manière cruelle et vivant dans des environnements insalubres.
Les vidéos, captées par des personnes lanceuses d’alerte et diffusées aujourd’hui par l’organisme BESA (Bien-être et sécurité animale), montrent des cadavres en décomposition et des oiseaux souffrant de déformations, d’ulcères, de plaies ouvertes et d’infections. Les conditions révélées par l’enquête sont en contradiction avec les codes de pratique qui encadrent l’industrie.
Cliquer ici pour voir la vidéo de l’enquête. Voir plus bas pour les photos en haute résolution.
Selon le code de pratiques, tuer un oiseau par coup de bâton (méthode appelée traumatisme contondant appliqué manuellement) n’est acceptable que dans des conditions précises :
Or, dans la vidéo, on voit plutôt un employé frapper un dindon, non immobilisé, à plusieurs reprises. Plusieurs minutes plus tard, l’animal bouge toujours.
« Cette mise à mort ne peut certainement pas être qualifiée d’euthanasie, car elle est prolongée, stressante, brutale et douloureuse », commente le Dr Jean-Jacques Kona-Boun, médecin vétérinaire chez DMV.
Toujours selon le code de pratiques, les éleveurs doivent soigner ou euthanasier les oiseaux en souffrance et retirer quotidiennement les cadavres. L’enquête montre pourtant des cadavres en décomposition ainsi que des animaux agonisants, trop faibles pour se déplacer, susceptibles de mourir de soif.
« Les caractéristiques de ce type d’élevage peuvent aussi mener les dindes à pratiquer le cannibalisme et à démontrer divers signes de stress pouvant aller jusqu’à la détresse », explique le Dr. Kona-Boun.
Depuis 2015, le Code civil définit les animaux comme des êtres « doués de sensibilité », et non des biens. La Loi sur le bien-être et la sécurité de l’animal exempte les élevages de la responsabilité de respecter le bien-être animal s’ils suivent les normes généralement reconnues.
Le MAPAQ – ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (Québec) – est chargé de l’amélioration de la santé et du bien-être des animaux. En même temps, sa mission est de favoriser la prospérité des industries bioalimentaires.
BESA demande au premier ministre François Legault et aux ministres de la Justice et de l’Agriculture (Simon Jolin-Barrette et André Lamontagne) de s’engager à revoir la Loi sur le bien-être et la sécurité de l’animal pour ne plus permettre à l’industrie de s’autoréguler quant aux standards de bien-être animal. De plus, BESA demande que les questions relevant du bien-être animal soient retirées de la responsabilité du MAPAQ et confiées à un organisme indépendant. Une approche que prône également le Parti québécois, notamment le député Pascal Bérubé, porte-parole en matière d’agriculture et d’alimentation. Le programme de Québec Solidaire prévoit aussi de mettre fin à l’autorégulation de l’industrie, d’adopter des codes de pratiques obligatoires et de faire l’inspection des élevages.
« Les images montrent bien ce que subissent les animaux lorsque le gouvernement échoue à les protéger et laisse l’industrie s’autoréguler », explique Nathe Perrone, porte-parole de l’organisme BESA. « Il est absurde que le ministère chargé du bien-être des animaux de ferme soit le même que celui responsable de la prospérité de l’industrie. Il y a un conflit d’intérêts évident ».
Pour soutenir ce changement, BESA appelle les consommateur·ices à envoyer un message clair au gouvernement et à l’industrie en épargnant un animal pour le temps des fêtes. “L’industrie répond avant tout à ses profits.” explique Nathe Peronne. “C’est en montrant notre envie d’aller vers des produits respectueux des animaux, comme les alternatives végétales, que celle-ci va réellement comprendre que nous ne sommes pas d’accord avec ce traitement des animaux, peu importe combien il est caché derrière des logos souriants.”
Plusieurs millions de dindes sont engraissées pour leur chair chaque année au Québec. Elles sont envoyées à l’abattoir vers l’âge de 4 ou 5 mois, alors que ces oiseaux peuvent vivre une dizaine d’années.
« Les conditions révélées par cette enquête ne sont pas exceptionnelles. Il s’agit de pratiques courantes dans les élevages qui enferment des centaines d’oiseaux dans des environnements monotones, surpeuplés et stressants. La reproduction sélective fait que ces dindons grossissent rapidement au détriment de leur santé et de leur bien-être », soutient Christiane Bailey, chercheuse en éthique animale et coordonnatrice du Centre de justice sociale de l’Université Concordia.
Invitée à commenter cette enquête, Christiane Bailey affirme que « ces images démontrent l’urgence d’avoir un débat social et un dialogue collectif sur nos façons de traiter les animaux d’élevage au Québec. Le statut quo n’est pas acceptable. Ces animaux sont sous notre responsabilité et ont un urgent besoin de soins. »
D’après des données de 2020, 36% des ventes de dindes au Québec ont lieu pendant le temps des Fêtes.
« Ces pratiques de marketing honteuses, en écart total avec la réalité, sont le résultat d’une industrie qui cherche à maximiser ses profits en intensifiant sa production tout en donnant l’image de respecter le bien-être animal. Au final, tout le monde y perd : les consommateurs et consommatrices, qui se font mentir éhontément; les éleveurs et éleveuses, qui doivent endurer des cadences et des conditions toujours plus difficiles; et les animaux, qui souffrent et meurent dans des conditions abominables. »
— Nathe Perrone, porte-parole de BESA
« Des millions de personnes à travers le Québec s’apprêtent à réaliser leurs achats des Fêtes. Elles ont le droit de savoir dans quelles conditions sont élevées les dindes vendues dans les supermarchés de la province. La souffrance des animaux d’élevage est contraire aux valeurs des Québécois et Québécoises. »
— Félix St-Germain, enseignant de philosophie au Cégep
« L’élevage s’inscrit dans un système économique profondément ancré et fondé sur l’exploitation des animaux et la marchandisation de leur corps. En exposant la réalité, nous aspirons à susciter des transformations sociétales et personnelles profondes, au service du bien commun. »
— Une lanceuse d’alerte
Pour plus d’informations sur l’enquête, veuillez contacter :
Nathe Perrone
Responsable de la coordination générale et porte-parole de B.E.S.A.
(514) 589-5670
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